Sa première réaction fut de me dire de ne pas crier. Oui, normal, je le comprenais. Ensuite, il m'avait serré un peu et avait enfouit sa tête dans mon cou. Je voudrais parler le plus honnêtement du monde et dire que j'étais plus que bien, là, comme ça... Mais ça, je peux pas. Parce qu'il est mon meilleur ami. Par principe. Parce que je tenais trop à lui et parce que gâcher cette amitié ça ferait trop mal. Bien qu'on avait déjà été trop loin, de toute manière... Puis un déclic sembla se faire dans son cerveau puisqu'il s’était assit, presque en sursaut. « Emma ? » Ben tient ! Il me regarda quelques secondes. « On a.. on a.. ? Oh mon dieu! » Oui. On a. Moi aussi j'étais en train d'essayer de l'assimiler. J'essayais... vraiment très fort. Mais il y avait une sorte de blocage. Dans le sens où je n'arrivais pas à le réaliser... tout en le réalisant très bien. Je soupirai... Comment est-ce qu'on en était arrivé là, hm ? Ah. Oui. L'alcool. Mince on est mal... Non mais je veux dire, on est très mal. Le pire c'est que j'avais envie de m'en souvenir... vraiment envie. Mais ce n'était pas bien. C'était mal, même. Très mal. ON était mal. « Oui... On a. » Dis-je, après avoir soupirai une deuxième fois. Lui il s'était laissé laisser retomber... et je le comprenais d'être désespéré. Ça devait être un peu flou dans sa tête aussi. Il s'en rappelait, lui ? Je me le demandais. Si c'était le cas eh bien... je peux pas y faire grand chose mais je jure devant Dieu que je... que je... oh et puis je ne vais pas lui poser la question, hein ? J'aimais mieux ne pas savoir s'il s'en souvenait, tout compte fait. Oui beaucoup mieux. « Putain, on a fait une connerie Emma! »

Un petit rire sarcastique s'était échappé de mes lèvres. « Non, tu crois !? » Je ne voulais pas être méchante, non c'est vrai, j'espérais qu'il me connaisse assez pour savoir que, sarcastique, je l'étais souvent et ce n'étais justement pas pour être méchante. J'enfouis mon visage dans mes mains, avant de poser mon avant bras sur mes yeux. Ma tête me faisait toujours mal, même que de réfléchir, comme ça, ça empirait les choses. Elle voulait exploser, ma tête ! Le pire c'était que j'étais parfaitement calme. Enfin, je paraissais très calme. Comme je disais, je ne suis pas du genre à paniquer pour rien. Bon, il était quelle heure, déjà. Je regardai sur la table de nuit. HEIN !? L'étais juste 10h42 ? Je passai ma main dans mes cheveux. On allait faire quoi, maintenant ?

Le problème c'était qu'il me connaissait trop. Il en savait trop sur moi pour qu'on ait fait ça. Enfin, je veux dire... il est mon meilleur ami. C'était la chose à ne pas faire. Si à cause de ça toute notre relation était gâché, alors j'allais m'en vouloir toute ma vie. Et je suis sérieuse ! Il était trop important. Il avait raison, on avait fait une connerie. Il allait arrivé quoi ?? On allait se dire d'oublier, qu'il s'est jamais rien passé, mais on va quand même être mal à l'aise en se voyant et finalement on va finir par ne plus se voir du tout. Et il fallait pas que ça arrive. Ah mais la gaffe !!! Je me relevai, pour m'asseoir dans le lit, je gardai le drap collé contre moi, pour me cacher du mieux que je pouvais. Je passai une nouvelle fois ma main dans mes cheveux. Je me racla la gorge. « Tu... tu te souviens de quelque chose... ? »

Merde ! Je m'étais promis que je ne lui demanderais pas ! Ça avait été plus fort que moi, il faut que je sache s'il s'en souvient ou non. Enfin, s'il ne s'en souvient pas, c'est peut-être un peu moins pire, hm ?

Je le regardais, presque pleine d'espoir qu'il ne se souvienne de rien. Oui parce que comme je disais, peut-être que s'il ne s'en souvenait pas, ça allait être moins pire ? Peut-être qu'on pourrait oublier ? Qu'on pourrait se retrouver et se regarder un film en mangeant du popcorn ? D'accord. Je savais déjà que c'était trop demander, de tout oublier. Ce qui est fait est fait et on ne peux plus rien y changer, maintenant... Il m'avait regarder, surpris. Ok. Il se souvenait. Et il était surpris que moi pas. C'est ça, c'est sûr. « Plus ou moins de tout.. » Voilà. C'que j'disais. Je soupirai et me passai la main dans les cheveux pour la... la... je ne sais combientième fois. Je commençai à me gratter le dos de la main, me mordre la lèvre... tout les signes flagrants de mon stresse et de ma nervosité. Le pire, c'était que je ne m'en rendais même pas compte, que je faisais tout ça. « C'est même assez perturbant.. parce que.. c'est toi quoi! » poursuivit-il. Oui. Oui effectivement c'était assez perturbant. Enfin, je suppose, étant donnée que je ne me souvenais pas de grand chose. « Ouaip... je suis moi et toi t'es toi et nous on a... aaaaarg » Dis-je en enfouissant mon visage dans mes mains. Oui, je l'admet, le désespoir était en train de m'envahir le cœur, à l'instant. Je ne pouvais pas le perdre, c'était impensable. Ce qui était arrivé était impensable... enfin, il faut croire que pas tant que cela, puisque c'était même arrivé.

« Et merde.. murmura-t-il, Mmh.. nos habits ne sont pas ici.. » Non. Visiblement... merde, j'allais sortir d'ici comment, moi ?? Ah ouais, j'avais le drap. Ah mais merde... il allait sortir d'ici comment, lui !? Il me regarda et me fit un petit sourire piteux. Ouais. Je le comprenais parfaitement. Enfin je veux dire, on était deux dans cette situation. Pour qui était-ce le pire ? Sûrement lui, parce que... parce que je ne sais pas. En fait, ça ne devait peut-être pas tellement lui déranger, c'était comme de coucher avec n'importe quelle fille. Sauf que j'étais sa meilleure amie. Je crois que je l'étais ? C'est étrange comme le doute peut nous assaillir après avoir fait l'amour avec son meilleur ami ! Il était mon meilleur ami, mais est-ce que je l'étais pour lui ? Je n'avais jamais prit la peine de me poser la question, ça me semblait évident. Mais maintenant, maintenant je ne savais plus, je n'étais plus sûr de rien. Je savais à peu près tout de lui et lui tout de moi... mais peut-être qu'au fond il s'ouvre facilement ?

Je détestais la manière dont j'étais en train de penser en ce moment. C'était... idiot. Je me grattais toujours le dos de la main et cette fois je m'en rendis compte parce que j'étais pratiquement en train de m'arracher la peau et ça faisait mal ! Ma main était toute rouge... je m'arrêtai et la regardai. Bordel. Je suis désespérante. AH mais depuis quand est-ce que je suis autant peu confiante ? Ah oui, sûrement depuis que j'ai couché avec Jay', mon meilleur ami, ça change un peu les choses de d'habitude, je crois. « Et toi.. tu t'en rappelles ou bien.. ? » me demanda-t-il à son tour. Je me retournai vers lui en soupirant. Encore. « Je... ne me souviens pas de tout. Le... aheum... poker. Et ensuite c'est flou. Enfin, le noir, quoi. Et je ne veux pas te vexer, mais je crois que j'aime mieux ne pas me souvenir. Non. Je sais que je ne veux pas me souvenir. » Dis-je en essayant de me convaincre que je ne voulais pas me souvenir. Non parce que si je ne me souvenais pas, ça voulait aussi dire que je ne me souvenais pas de ce que moi j'avais fait, en détail. Et je n'aimais pas particulièrement ne pas savoir. En fait, c'était de perdre le contrôle qui m'énervait. Je n'étais pas habitué à ne pas avoir une situation en contrôle, à paniquer. Mais maintenant... maintenant je commençais à paniquer et ça m'énervait royalement.

Il se leva, en se... cachant. Je détournai mon regard, par respect, pendant qu'il quittait la chambre. Un soupire de... de soulagement, je crois, s'échappa de mes lèvres alors que je me laissai tomber sur le lit. Pourquoi de soulagement ? Bah sûrement parce que mon meilleur ami n'était plus coucher dans nu dans mon lit, qu'est-ce que vous en dites !? Je fermai les yeux, en espérant me réveiller. Enfin... c'était un cauchemar, hein ?? Non... non c'était pas ça ? Bah... l'espoir fait vivre, comme on dit ! Je me levai à mon tour, pour enfiler des petites culottes et un t-shirt beaucoup trop grand de AC/DC qui m'arrivait à mi-cuisse et qui me servait généralement de pyjama. Mes cheveux devaient être dans un état... de lendemain de veille. Mais bon... il m'avait vue dans tout mes états, Jay. Enfin, tous sauf après l'amour. Bah plus maintenant ! HAHA ! .. D'accord, ce n'était pas drôle.. Mais je suis nerveuse, c'est ce que ça me fait quand je suis nerveuse.. aheum. Je me dirigeai vers le salon et la cuisine... mais hésita quelques secondes avant de sortir. Devrais-je attendre qu'il s'en aille ? Non. Non je ne pouvais même pas penser à ça, il était mon meilleur ami, j'avais plus de respect pour lui que ça. Je sortis donc et constata l'état pitoyable de mon appartement. Puis un espèce de déclic se fit. Je vis les vêtements par terre et je me figeai, en voyant cette scène, dans ma tête. Il était face à moi, nous étions ... nus et il me poussait sur le lit, je l'embrassais et il me caressai... et il me regardait avec tellement...de désir. C'était si troublant ! Je relevai alors les yeux vers Jay' avant de vite les détourner. Je savais que je ne voulais pas me souvenir !! Jay était à table, un verre de jus d'orange à la main et je me surprise à penser que ça ne serait peut-être pas si mal de le voir là, tout les matins. Évidemment, je balayai vite cette pensée dans un recoin sombre de mon cerveau. AH BON DIEU POURQUOI EST-CE QU'ON AVAIT COUCHÉ ENSEMBLE C'EST EN TRAIN DE ME DÉMOLIIIIIR ! Oui. C'était une véritable tempête dans ma tête en ce moment. Heureusement à l'extérieur, j'avais l'air calme. « Sinon.. euh... bon matin... » Dis-je, sans avoir le courage de le regarder dans les yeux de peur de me souvenir de d'autre chose... Je me servis un verre de lait au chocolat - propriété exclusive de mon fils, mais tant pis - et me pris une aspirine, parce que sinon ma tête allait exploser. J'allai m'asseoir à table, en face de lui... « Jeremiah... On fait quoi, maintenant ? » Il était rare que je dise son nom au complet, quand je le faisais, j'étais très, très, très sérieuse. Comme maintenant. Aye aye... la question qui tue.

« On fait quoi.. on fait quoi.. Bonne question. » Évidemment que c'était une bonne question. C'était LA question. Et le truc c'était que même si on supposait, même si on se disait ''bon c'est ÇA qu'il faut faire'' ... Il n'y avait vraiment aucune certitude. Et ça me faisait tellement peur... J'étais assise face à lui, le regardant boire son jus d'orange d'une traite. Il me rend nerveuse en ce moment. Parce qu'il ne sait pas quoi faire non plus... D'habitude on peut se conseiller l'un l'autre, on sait quoi se dire. D'habitude quand je perds le contrôle je me tourne vers lui et il me soutient, il sait quoi me dire. Et c'est la même chose pour lui. Maintenant nous étions tout les deux sans réponse. Sans solution. Il poursuivit, pour essayer de répondre à la question assez crucial que j'avais posé.« Le mieux ce serait qu'on oublie cette nuit, mais évidemment, c'est impossible. Pour moi en tout cas, ça l'est. J'ai trop d'images en tête pour pouvoir faire comme si rien ne s'était passé. Mais on sera bien obligés de laisser cela de côté si on veut pouvoir garder notre amitié.. Parce que en aucun cas cela nous séparera.. tu m'entends ? Même si cela doit prendre des mois et des mois, notre amitié doit en sortir plus forte.. Enfin, si on peut.. » En ce moment honnêtement j'avais envie de crier très fort. Quel merdier ! Il se leva et je le regardais faire, sans mot, je crois... et il est rare qu'Emmanuelle Hope Covington ne sache pas quoi dire. Je suis avocate après tout. J'ai toujours le dernier mot. Il ramassa ses vêtements et s'habilla. J'avoue que ça me mise immédiatement plus à l'aise. Parce qu'il avait raison, les images commençaient à revenir encore et encore et j'en avais marre. Maintenant qu'il avait quelque chose sur le dos c'était un peu moins pire. Mais j'avais peur... qu'à chaque fois que je vois son visage, les souvenirs reviennent encore. Ça serait pénible...

Il revint s'asseoir face à moi, avec encore une de ses phrases utiles... « Putain Emma, pourquoi on a fait ça ? On est trop cons.. ». Je ne savais plus quoi lui dire. Autant dire les choses telle qu'elles sont, non ? « Tu veux savoir pourquoi on a fait ça, Jay ? Parce qu'on a bu de l'alcool et que quelque part entre le début et la fin de la partie de poker bah on a eu envie de le faire. Point. Et oui, on est trop con, mais ça c'était déjà clair... » Dis-je en lui faisant un sourire piteux. Je n'avais rien de mieux à dire que ça et c'était pitoyable. J'aurais voulu pouvoir le réconforter et... et me réconforter moi-même aussi. Mais cette fois, voyez-vous, j'étais paumé.

Je me passais une nouvelle fois la main dans les cheveux, avant de planter mon regard dans le sien. « Jay, j'ai peur. » J'avais peur de le perdre et je ne voulais pas le perdre. Mais j'avais aussi peur que maintenant, il me voit juste comme ''une autre''... Comme une de ses filles avec qui il aurait couché et qu'il n'aurait tout simplement pas rappelé le lendemain... Ça serait insupportable. Mais ce qui était aussi insupportable, c'était de savoir qu'une seule nuit comme ça avait tout à fais le pouvoir de nous séparer. Mais j'avais besoin de lui. C'est dans des moments comme celui-ci qu'on se rend compte à quel point l'amitié est fragile. Entre un homme et une femme particulièrement... Parce qu'en ce moment, j'aurais eu envie qu'il me prenne tout simplement dans ses bras et qu'il me dise que tout allais bien aller. Mais vue les circonstances, de simples petits gestes comme celui-ci deviennent beaucoup trop étrange et nous mettraient beaucoup trop mal à l'aise. Et c'est pour ça que ça gâchait tout. Puis, il fallait que je lui dise que finalement, je me rappelais... « Je... m'en rappelle. Je crois. » Non. Je savais. C'était une erreur, une grosse erreur. Probablement la pire de ma vie. Enfin, sauf le soir où j'ai conçu Liam. Enfin, je l'adore, mais j'avais d'autre projet, initialement. Maintenant je ne le regrette pas le moins du monde, mais n'empêche, ce n'était pas supposé tourner ainsi. Bon dieu c'est fou ce que mes erreurs me ramènent à des histoires de sexe... Je m'accotai contre le dossier de la chaise, laissant ma tête tomber par en arrière. J'étais désespéré. Nous étions désespéré. Je ne voulais pas qu'il change son point de vue sur moi. Je voulais tout simplement... pouvoir rester sa meilleure amie.