❝ tu enlèves quatre lettres à "cupidon", ça te donne "con"
« L’enfance : l’âge de la vie où tout semble possible, où on imagine qu’il suffira de vouloir changer son destin. »« Viens Lux’, maman va te faire un bisou ma chérie. » Je la regardais alors du haut de mes cinq ans.
« Maman, tu vas encore partir ? ». C’est à ce moment – là que mon père entra, à son tour, dans ma chambre.
« Oui, avec Papa. Nous ne rentrerons pas à la maison tout de suite. Mais Louise – Marie t’emmènera nous voir dans deux semaines à New – York. ». Et voilà que mes parents partaient, à nouveau, sur un tournage. Ma mère était une actrice reconnue dans le monde. Mon père, quant à lui, était réalisateur. Il leur arrivait donc souvent de travailler en collaboration. Chacun avait fait connaître le nom de l’autre à sa façon. Ils me laissaient avec ma nounou : Louise – Marie. C’est une française venue aux États – Unis pour apprendre la langue. Elle me gardait depuis mes deux ans et avait décidé de ne pas quitter le pays à mon grand bonheur.
« Maman, je peux vous faire un bisou à tous les deux ? Vous allez me manquer… ». Nous avons alors fait un câlin collectif. Ils avaient acheté une énorme villa dans le Colorado à Lakewood plus précisément. Tous les deux ne voulaient pas me trimballer d’un endroit à l’autre sans avoir d’endroit stable où vivre. Ils préféraient donc payer l’aller – retour de Louise – Marie et moi sur quelques jours de temps. J’allais à l’école normalement. Louise – Marie se comportait comme ma maman mais refusait que je l’appelle comme cela. C’était donc avec le surnom de Lou que je la prénommais.
« Lou, on va encore vivre à deux combien de temps ? Tu sais quand maman et papa rentrent ? ». C’était le genre de question qui la blessait beaucoup. Elle ne savait jamais que me répondre. Mes parents reportaient toujours leur date de retour, entre les retards sur le planning et le fait qu’ils voulaient profiter de l’endroit où ils étaient. À chaque fois, ils trouvaient une excuse facilement. Au fond, j’y étais habituée à force.
« Je ne sais pas encore Lux’. Mais nous nous débrouillons bien toutes les deux, tu ne trouve pas ? ». Je me couchais dans mon lit avec dans les bras une peluche offerte par mes parents après un de leur tournage.
« Oui, on se débrouille très bien même ! Mais tu sais, c’est la fête des mamans ce week – end. On va faire un bricolage à l’école. J’espère que je pourrais voir un petit peu maman pour lui donner mon cadeau. Je vais faire dodo maintenant. Je peux avoir un bisou ? ». Louise – Marie se pencha sur moi et déposais un bisou sur mon front. C’est comme cela que se passait la majorité de ma vie.
« On examine avec soin les objets dans les boutiques, mais quand il s’agit des gens, on les juge sur l’apparence. »« Lux’, tu n’as pas beaucoup mangé. Ce n’est pas bon ce que j’ai cuisiné ? » me demandait Louise – Marie. Je ne mangeais plus, je me trouvais trop grosse. Enfin … les autres me trouvaient trop grosse.
« Non, je n’ai pas trop faim. Ne t’inquiète donc pas ! ». Louise – Marie avait spécialement fait des crêpes pour le petit déjeuner. J’avais avalé à peine deux bouchées. Je montais donc les escaliers quatre à quatre. J’enfilais un vieux jeans ainsi qu’un t – shirt. J’avais énormément d’argent et je ne m’habillais pas correctement. Je prenais mon vélo pour aller en cours. Je n’avais qu’une amie. Elle était un peu comme moi en fait : assez refermée sur elle – même. Pour ma part, j’avais décidé d’arrêter de manger à partir de ce jour. Il fallait absolument que je perde du poids ! Je me dirigeais vers mon casier et les attaques commençaient alors.
« Alors Lux’, tu as oublié de te regarder dans le miroir ce matin ? T’as vu comment tu es fringuée ? ».
« Non, mais tu vois pas ? Elle a encore grossi en plus. Elle n’aura jamais de copain, jamais !». Je passais mon chemin et n’écoutais rien. Voilà à quoi se résumait mes années au lycée…
Cela faisait maintenant quelques semaines que je n’avalais plus rien. Je perdais des kilos à vue d’œil. Louise – Marie s’inquiétait horriblement.
« Viens Lux’, on va faire un peu de shopping ! ». C’est tout ce qu’elle avait trouvé pour m’emmener chez le médecin.
« Lou’, je ne veux pas y aller ! Je n’entrerai pas dans cette pièce ! Je vais bien, je me porte très bien. Je n’ai besoin de personne. ». Elle me regardait alors avec un regard sévère.
« Tu entres, tu n’as pas le choix ! Sinon, j’appelle tes parents. ». Je refusais qu’ils s’inquiètent pour moi.
« Bon d’accord… ». Et c’est comme cela que je fus admise en urgences à l’hôpital. J’étais diagnostiquée comme anorexique. Je ne voulais en aucun cas y aller. J’avais donc un plan en tête. Je ferais tout pour sortir le plus vite possible. Mais une fois dehors, je reprendrais tout simplement ma vie comme je le veux. J’y suis restée plus ou moins deux mois. Aucune personne de l’école ‘avait pris de mes nouvelles ni même n’avait remarqué mon absence. C’est le genre de choses qui fait très mal au cœur. C’est fou comme je me sens aimée…
À mon retour en cours, je me faisais toute petite. Préférant la place du fond à la première, collant les murs pour rejoindre mon casier. Je ne voulais plus que l’on me remarque, je ne voulais plus que l’on m’agresse. Tout cela, c’était fini ! Je vis alors ce beau jeune homme. Il était tellement … Il n’y a pas de mot. Je passais mon temps à le regarder. Il me donnait des forces pour continuer la journée. C’était entre guillemets mon petit rayon de soleil. Mais je ne lui adressais pas la parole. Il était capitaine de l’équipe de natation. Je ne l’intéressais sûrement pas ! Et puis, j’avais maintenant ma réputation. Il était donc hors de question d’aller lui adresser la parole. Ce fut comme cela jusque la fin de ma scolarité secondaire…
« Lux’, ça te plairait d’être capitaine de l’équipe de volley ? Tu es une des plus anciennes et des meilleures. Je pense que cela pourrait être une bonne chose que tu le deviennes. ». Un petit sourire s’afficha sur mon visage. Il avait pensé à moi comme capitaine de l’équipe ? Nous étions très peu et disions que nous étions loin d’être populaires.
« Euh oui. Bien sûr ! C’est vraiment gentil d’avoir pensé à moi. Ca me touche beaucoup. ». Je faisais partie de l’équipe de volley depuis ma première année en secondaire.
« Je suis prêt à aller n’importe où, pourvu que ce soit en avant. »« Alors Lux’, prête pour ton premier jour ? ». J’entrais à l’université. J’avais choisi de faire les sciences de l’éducation. Mon rêve était de devenir psycho pédagogue. Enseigner la pédagogie à de jeunes gens voulant enseigner devait être passionnant.
« Oui, impatiente même ! Je vais enfin voir de nouveaux visages. ». Louise – Marie était très protectrice avec moi depuis mon hospitalisation. C’est à peine si elle me lâchait. Elle veillait à faire tout ce que j’aime pour manger, à ce que je me sente bien, …
« Une idée de la voiture du jour ? ». Le garage ou parking était rempli de voitures. J’en étais fan et en faisais la collection. Disons que j’avais énormément d’argent grâce à mes parents. Je pouvais donc dépenser sans compter.
« J’avais pensé à la mini brune. C’est une bonne idée ? C’est en accord avec mes vêtements ? ». Oui, j’en étais à ce point – là. Pour ce premier jour, je portais un pantalon brun ainsi qu’une blouse à fines bretelles à pois. J’étais toujours très mince. Je ne mangeais pas énormément à vrai dire. Je continuais à faire extrêmement attention tout en veillant à ce que Louise – Marie ne le voie pas trop…
Cela faisait maintenant 4 ans que j’étudiais les sciences de l’éducation. Ma popularité avait évolué. J’étais jolie, mince. Tip top comme les mannequins. Cependant, je n’avais jamais eu de copain. Mais j’observais toujours ce même garçon : Nathaniel. Il était vraiment beau et il avait l’air d’avoir bon caractère. Il ne le savait pas mais il m’avait soutenu à sa manière. Il avait été ma raison de me battre pendant tout un moment. Et ce n’est pas quelque chose de négligeable. Nous avions, en quelques sortes, rendez – vous tous les jours à 14h au Starbucks. C’était l’heure où j’allais me chercher un café pour être certaine de pouvoir tenir le reste de la journée debout vu les petites quantités de nourritures que je mangeais. Et il était là. Cela faisait deux semaines que je pouvais l’y retrouver. Jamais nous ne nous étions adressé la parole. J’en ai finalement eu le courage et la conversation a alors commencé. Nous verrons bien la suite de l’histoire…